ADTF

Accueil

Tunisie


La Tunisie : 20 ans après (II)

8
nov
Solidarité | Tunisie

Tunisie : un bilan à deux facettes

Vingt ans après l’arrivée au pouvoir de Zine El Abidine Ben Ali, la Tunisie présente un bilan à deux facettes : des progrès socio-économiques reconnus par les institutions régionales et internationales, et, parallèlement, une évolution politique lente qui suscite régulièrement les critiques d’organisations non gouvernementales.

Relayées par l’opposition radicale, ces ONG estiment même que le pays accuse une « régression » en la matière et revendiquent « des réformes urgentes » pour « assainir la situation politique ».

Bien que nantie de ressources naturelles limitées, la Tunisie a enregistré au cours des deux dernières décennies un taux de croissance annuel de 5% en moyenne. Le revenu par tête d’habitant a été porté de l’équivalent de 500 euros en 1987 à plus de 3.500 euros. Une des fiertés du régime, le taux de pauvreté a été ramené à 3,8% contre 7,7% il y a 20 ans, et 80% des Tunisiens sont aujourd’hui propriétaires de leur logement, selon les autorités.

La dernière performance en date est le classement du Forum économique mondial (FEM), qui place la Tunisie au premier rang des pays africains en matière de compétitivité, le 32e mondial sur 131 pays.

Ces progrès sont relativisés par le problème du chômage (13,9% selon les chiffres officiels) qui affecte surtout les diplômés de l’enseignement supérieur, dont plus de 50.000 jeunes affluent annuellement sur le marché de l’emploi.

« C’est une véritable bombe à retardement pour l’avenir et qui pose un problème pratiquement insoluble si on continue dans les mêmes orientations adoptées jusque là », avertit le chef du Forum démocratique pour les libertés et le travail (FDLT), le Dr Mustapha Ben Jaâfar.

Au plan politique, le dirigeant de ce parti de l’opposition légale estime que « le bilan est malheureusement la régression », après « les espoirs réels » suscités à l’avènement du régime Ben Ali.

« Aujourd’hui, la présidence à vie est pratiquement restaurée, sous une forme à peine déguisée et il y a des atteintes au quotidien aux libertés publiques, à telle enseigne que la grève de la faim est devenue désormais la forme de contestation traditionnelle », regrette-t-il. Pour ce vieux routier de l’opposition, « il est réellement temps de changer de cap ».

Joignant sa voix à celle de la secrétaire générale du Parti démocratique progressiste (PDP), Maya Jribi, il soutient qu’aujourd’hui, le pays a besoin d’une réforme globale qui touche tous les domaines« et suggère, »pour rétablir un climat de confiance dans le pays", la libération des prisonniers politiques, estimés à quelque 300, pour la plupart des islamistes du mouvement Ennahdha (interdit), que les autorités privent de ce statut en les considérant comme des détenus de droit commun.

Il juge aussi indispensable de mettre un terme « aux atteintes aux libertés et au verrouillage qui fait que tout est sous contrôle, aboutissant à une »vie politique in-vitro".

Face aux critiques de l’opposition, le président Ben Ali fait constamment valoir que « le choix démocratique est irréversible » mais demeure attaché à « une démarche progressive ». Il préfère « avancer à pas sûrs » en s’interdisant toute « précipitation » et « tout saut dans l’inconnu » qui ont été « néfastes » dans d’autres pays.

Le Dr Ben Jaâfar conteste cette démarche qui, juge-t-il, « aurait pu avoir une certaine crédibilité au cours des premières années du Changement ». « Nous sommes, à niveau socio-économique équivalent, le seul pays qui marque un tel retard sur le plan du développement politique », martèle-t-il.

Autre changement qu’il revendique, la révision du code électoral dans le sens de la liberté des candidatures pour les scrutins aussi bien présidentiel que parlementaire, la mise en place d’une commission nationale de contrôle des élections qui soit « réellement indépendante et neutre » et « criminaliser clairement toutes les formes de fraudes ».

Dans la même veine, l’ancien président fondateur de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH), Dr Saâd Eddine Zmerli, estime qu’à l’instar de l’organisme humain, un système politique « a besoin d’aération et d’adaptation ».

« Malgré les défis de la montée des extrémismes, du contexte mondial incertain, de la flambée des prix du pétrole avec son train de conséquences, il faut faire le pari d’une réelle ouverture pluraliste », déclare-t-il dans un entretien à l’Associated Press. Il se dit « sûr qu’un sursaut peut être possible, qui fera taire les sceptiques et les cassandres ».

AP - 06.11.2007


3 Messages de forum

  • La Tunisie : 20 ans après (II) 6 avril 2008 06:48, par حزب العمل الوطنيّ الديمقراطيّ

    حزب العمل الوطنيّ الديمقراطيّ

    بـــلاغ

    انعقد في موفى شهر مارس 2008 المجلس المركزي لحزب العمل الوطنيّ الديمقراطيّ وتناول بالنقاش جملة من القضايا، وخلص للمواقف التالية :

    1) يعبّر المجلس المركزي عن تمسكه المبدئي بحقّ الحزب في العمل القانوني والعلني ويدعو السلطة للاستجابة لطلب التقنين الذي تقدّم به منذ 29 /04/2005 حتى يتسنى له الاضطلاع بمسؤولياته، وممارسة نشاطه والتعريف بمواقفه بكلّ حرّية.

    2) يعتبر المجلس المركزي أنّ الانتخابات الرئاسية والتشريعية القادمة تمثل محطة هامّة لا يمكن تجاهلها، وفرصة لا يجب إهدارها للارتقاء بالحياة السياسية إلى درجة تتماشى مع متطلبات العصر، ولن تكون هذه المحطة بمثابة منعرج حقيقي إذا لم تقلع السلطة عن عقلية الانفراد بالرأي فيما يتعلق بتسيير الشأن العام وما لم تستجب للمطالب المشروعة في إقرار حقّ الأحزاب المدنية في ترشيح من تشاء من بين أعضائها أو أنصارها لخوض كافة الاستحقاقات، وفي مراجعة المجلة الانتخابية لضمان شفافية العملية الانتخابية ونزاهتها في كامل مراحلها وفي ضمان حرية التعبير في وسائل الإعلام المرئية والمسموعة، وضمان حقّ الاجتماع في الفضاءات العمومية وفي كل ما يتعلق بتوفير شروط تضمن تكافؤ الفرص بين المترشحين وبين القوائم.

    وسوف يعمل الحزب جاهدا إلى جانب بقية الفصائل اليسارية والديمقراطية والتقدمية والوطنية لتوفير الظروف السانحة للتعبير الحر عن الإرادة الشعبية.

    3) يعبر المجلس المركزي عن قلقه الشديد من تردي الأوضاع الاقتصادية والاجتماعية والمتمثل في الارتفاع المشط للأسعار وتفاقم معضلة البطالة وظاهرة الفساد التي يدفع ثمنها العمال والأجراء وأسرهم بالدرجة الأولى وهو يعبّر عن مساندته لمطالب الشغالين والعاطلين والشبيبة ويخصّ بالذكر مطالب أبناء شعبنا وبناته بالحوض المنجمي ويدعو السلطة للحوار والاستجابة لتلك المطالب وخاصة منها المتعلقة بالقدرة الشرائية والأجور والخدمات الاجتماعية والتشغيل والحقّ النقابي. وهو يعتبر أنه بالإمكان الاستجابة لتلك المطالب بوضع حدّ لمنهج الخصخصة وبالعمل على تأهيل القطاع العام ودعم المؤسسات الوطنية الفلاحية والصناعية وردع التهرب الجبائي والديواني.

    4) يعرب عن ارتياحه لإطلاق سراح طلبة سوسة، ويدعو لإغلاق ملفهم و ملف كلّ الطلبة الذين تعرضوا لتتبعات عدلية أو إدارية بسبب ممارستهم لنشاط نقابي مدني.

    5) يستنكر بشدة التدخل السافر لبعض السفارات الغربية وعلى رأسها سفارة الولايات المتحدة الأمريكية في الشأن الوطني، وسعيها المحموم لاستدراج النخب التونسية حتى تنخرط في الدفاع عن السياسة الليبرالية والعدوانية التي تسلكها إدارة بوش في الوطن العربي و في كافة أرجاء العالم.

    6) يدعو كل القوى التقدمية النيرة والمفكرين والمبدعين للمزيد من الفعل خاصة في الميدان الفكري والثقافي للدفاع عن العقلانية والتصدي لموجة الردّة القروسطية التي تروجها بعض الفضائيات والمجموعات الظلامية الساعية لنسف المكتسبات الحداثية والحقوق المدنية ومن أبرزها حقوق النساء وقيم المساواة.

    7) يؤكد مناصرته للمقاومة في فلسطين والعراق ورفضه لمحاولات التطبيع مع الكيان الصهيوني ومع عملاء الاحتلال أينما كانوا.

    تونس في 02 أفريل 2008

    Voir en ligne : http://www.hezbelamal.org/

  • La Tunisie : 20 ans après (II) 24 avril 2008 22:24

    Gafsa, l’envers du décor

    Le Monde, vendredi 25 avril 2008

    Gafsa, l’envers du décor
    DE TOUT TEMPS, la région de Gafsa (120 000 habitants) a été considérée comme frondeuse. C’est là que sont nés les principaux syndicalistes de l’histoire de la Tunisie. Là aussi qu’ont démarré les grands mouvements sociaux, notamment les émeutes du pain, en 1984. Trois ans plus tôt, les membres d’un commando venu de l’étranger avaient même tenté de mettre fin au régime Bourguiba, avant de finir au bout d’une corde.

    Le 7 janvier 2008, des troubles ont brusquement éclaté, à 20, 30 et 70 kilomètres de Gafsa, dans les quatre bassins miniers de phosphates qui ont fait la richesse et la réputation de la région pendant un siècle. Au total, quelque 170 000 personnes vivent sur ces bassins miniers à ciel ouvert. Ce 7 janvier devait être un grand jour. La Compagnie des phosphates de Gafsa, le principal employeur, voire le seul, va afficher les noms des nouveaux recrutés. C’est la première fois depuis des années qu’elle embauche. La mécanisation des mines, engagée il y a trente ans, a fait chuter de façon drastique le nombre des employés : ils ne sont plus que 5 000, contre 14 000 autrefois. Un concours a été organisé pour remplacer des départs à la retraite. Plus de 1 000 candidats se sont présentés pour les 81 postes proposés. Sitôt la liste affichée, c’est la révolte. « Nous avons eu confirmation des rumeurs qui circulaient. Les embauches étaient affaire de corruption et de népotisme », raconte Hajji Adnane, porte-parole du mouvement de Redeyef, l’un des quatre bassins miniers. Un groupe de « diplômés chômeurs » commence une grève de la faim, tandis que les mineurs se mettent en grève. Le mouvement est pacifique, mais il s’étend et, surtout, il dure. Les familles des grévistes, en particulier les femmes, défilent dans les rues. Dans un premier temps, les autorités laissent pourrir.

    Le 7 avril, la situation dégénère. Une trentaine de syndicalistes sont interpellés à leur domicile et envoyés en prison. La police encercle les mines. Au niveau national et régional, l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) désavoue les grévistes. A la mi-avril, les autorités lâchent du lest. Les syndicalistes sont libérés. D’autres embauches (en plus de la liste contestée) sont annoncées. Aujourd’hui, l’heure semble à l’apaisement.

    Restent tous les problèmes de fond, dont Gafsa, ville déshéritée de l’intérieur, est une bonne illustration : chômage chronique (deux fois supérieur à la moyenne nationale), pollution élevée, maladies... Si « miracle » économique il y a en Tunisie, il bénéficie surtout aux zones côtières. Pas ou peu aux autres régions que les Tunisiens fuient à une vitesse accélérée pour aller s’entasser aux abords des grandes villes du littoral, telles que Sousse, avec tous les problèmes qu’une telle migration engendre.

    Fl. B.

    jeudi 24 avril 2008

    AUTEUR : Florence Beaugé

  • La Tunisie : 20 ans après (II) 24 avril 2008 22:28

    Florence Beaugé
    L’économie tunisienne, miracle ou mirage ?

    Le Monde, 25 avril 2008

    Maghreb

    L’économie tunisienne, miracle ou mirage ?
    Autant la Tunisie a une image négative en matière de droits de l’homme, autant elle a bonne réputation dans le domaine économique. Le « pays du Jasmin » - où Nicolas Sarkozy se rend en visite officielle du 28 au 30 avril - est le bon élève des institutions multilatérales et de l’Occident : il honore ses dettes, est stable et rassure. Sans disposer des fabuleuses réserves en hydrocarbures de ses voisins, la Tunisie est un peu le modèle du Bassin méditerranéen. Un pays propre, doté d’infrastructures, éduqué, où les droits des femmes sont les plus avancés du monde arabo-musulman. La Tunisie est l’une des destinations favorites des Français. Ils sont chaque année 1 350 000 à aller y passer leurs vacances, pour peu cher, en toute sécurité. Pas de bidonvilles (tout juste quelques « gourbivilles » dus à l’exode rural), pas de misère criante.

    Faute de pouvoir commercer avec ses voisins (l’Union du Maghreb arabe ne réussit pas à décoller), la Tunisie s’est tournée vers l’Union européenne, notamment dans le cadre de l’accord d’association qui a abouti, en janvier 2008, au libre-échange des biens industriels. « Nous avons la culture de l’export dans nos gènes depuis la Carthage phénicienne », rappellent les Tunisiens en souriant. Les deux principaux moteurs de l’économie sont les exportations et la consommation des ménages. Les premières sont stimulées par les investissements étrangers dans le cadre du régime dit « offshore » pour les produits de la sous-traitance (les intrants et les exportations sont libres de droits et taxes). Ce secteur fournit des emplois à bas prix. La consommation est encouragée par les crédits, dont l’encours a doublé depuis 2004, avec pour conséquence un lourd endettement des ménages.

    HAUSSE DES PRIX

    La classe moyenne tunisienne est souvent considérée comme le facteur-clé de la croissance. Pourtant, les détracteurs du président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, assurent depuis des années que « la classe moyenne s’érode ». « Faux », répond le ministre du développement et de l’investissement extérieur, Mohamed Nouiri Jouini, pour qui, au contraire, elle ne cesse de croître et englobe aujourd’hui 80 % de la population active. Si l’on entend par « classe moyenne » ceux qui possèdent leur logement, ils sont effectivement plus de 80 % à en faire partie. Si l’on prend en compte les revenus et le pouvoir d’achat, il y a un doute. « La classe moyenne s’amenuise, mais de façon imperceptible. Cela n’apparaît pas clairement pour deux raisons : les Tunisiens ont de plus en plus tendance à multiplier les petits emplois, quitte à avoir des journées de forçat, et ils vivent à crédit », souligne Hacine Dimassi, professeur d’économie à l’université de Sousse. Pour lui, la classe moyenne est « laminée » non par l’impôt direct, mais par l’impôt sur la consommation. « On grignote les gens petit à petit. Ils sentent bien que leur pouvoir d’achat diminue, mais c’est flou », note-t-il. Exemples : l’eau, le téléphone ou l’électricité, sur lesquels la TVA est de 16 % ; l’alimentation, qui a fait un bond de 10 % en un an. Ou encore l’essence, augmentée à la pompe à huit reprises en deux ans, soit de 40 %.

    Pourtant, la Tunisie est un pays producteur d’or noir. L’exploitation de ses petits bassins pétroliers a longtemps été jugée trop coûteuse, mais la situation a changé avec la hausse vertigineuse du cours du baril et les recettes à l’exportation augmentent nettement depuis 2006. Dans l’immédiat, la Tunisie continue d’exporter tout son brut (qu’elle n’a pas la capacité de raffiner) et d’importer la totalité de sa consommation. Aussi la facture pétrolière reste-t-elle l’obsession des autorités.

    « DIPLÔMÉS CHÔMEURS »

    L’autre plaie de la Tunisie, c’est la question des « diplômés chômeurs ». S’ils sont dépourvus de relations, ces jeunes sortis de l’Université tunisienne se voient offrir, dans le meilleur des cas, un emploi dans les hôtels à touristes ou de standardiste dans les centres d’appels. Officiellement, le pourcentage de diplômés chômeurs est de 17 %. Il serait en fait beaucoup plus élevé.

    Bien plus que les libertés bafouées, le chômage des jeunes exaspère la population, provoque rancoeurs et envies d’exil. A cela s’ajoute la médiocre qualité de l’enseignement dispensé dans le secondaire et le supérieur. « Nous avons gagné le pari de la quantité : 75 % des jeunes Tunisiens obtiennent aujourd’hui le bac. Il nous faut maintenant gagner celui de la qualité », admet le ministre du développement. Une réforme destinée à réhabiliter la formation et l’enseignement professionnels a été engagée en 2007. Pour l’heure, la frustration est grande. Nombreux sont ceux qui se sentent écartés du « miracle » économique tunisien, dans lequel ils ne voient qu’un « mirage ». La réussite fulgurante des proches du président Ben Ali et de son épouse attise ressentiments et rumeurs. Pour les Tunisiens, il y a d’un côté une poignée de très riches qui bénéficient de la mondialisation et surtout du « système » Ben Ali, basé sur le clientélisme, comme l’a décrit l’universitaire Béatrice Hibou dans son livre La Force de l’obéissance (La Découverte, 2008). Et de l’autre côté, une masse de presque pauvres, condamnés aux bas salaires et à la « débrouille ». En réalité, le vrai problème en Tunisie n’est pas tant la création de richesse que la bonne répartition de cette richesse.

    Florence Beaugé (Tunis, envoyée spéciale)

    jeudi 24 avril 2008

    AUTEUR : Florence Beaugé


Forum sur abonnement

Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d'indiquer ci-dessous l'identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n'êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.

[Connexion] [s'inscrire] [mot de passe oublié ?]

SPIP | squelette | | Plan du site | Squelette Ecolor par yaquoi.com / yaquoi.net / pari média | Suivre la vie du site RSS 2.0